démentir

démentir [ demɑ̃tir ] v. tr. <conjug. : 16>

• 1080; de dé- et mentir

1 ♦ Contredire (qqn) en prétendant qu'il ou elle n'a pas dit la vérité. ⇒ contredire, dédire, désavouer. Démentir formellement un témoin. « N'allez pas nous démentir, Bazile, en disant qu'il n'est pas votre élève » (Beaumarchais).

2 ♦ Prétendre (qqch.) contraire à la vérité. ⇒ nier. Démentir un bruit, une nouvelle, un témoignage, un écrit. « Ne démentez rien de ce que je dirai » (Sand).

3 ♦ (1580) Contredire par sa propre conduite, par ses actes. « la honte d'être si peu conséquent à moi-même, de démentir si tôt et si haut mes propres maximes » (Rousseau).

♢ (Choses ) Aller à l'encontre de. ⇒ contredire, infirmer. Ses actes démentent ses paroles. Elle avait « des traits d'une excessive douceur, que ne démentait pas la belle nuance grise de ses yeux » (Balzac).

♢ Littér. Décevoir, tromper. « L'événement n'a point démenti mon attente » (Racine).

♢ V. pron. (v. 1175) NE PAS SE DÉMENTIR Ne pas cesser de se manifester. Son succès ne se dément pas. « un intérêt qui ne s'est pas démenti pendant quatre années » (Fromentin).

⊗ CONTR. Affirmer, appuyer, attester, certifier, confirmer, ratifier.

● démentir verbe transitif Dire que quelqu'un a menti, affirmer qu'il n'a pas dit la vérité : contredire : Démentir un témoin. Nier l'exactitude d'une information, d'un fait : Les autorités démentent qu'elles aient envoyé des troupes. Être en contradiction avec une affirmation, un fait ; contredire, infirmer : Ce que vous dites dément vos précédentes déclarations. ● démentir (difficultés) verbe transitif Conjugaison Comme mentir. Construction Démentir que (+ subjonctif) : elle dément qu'il y ait eu du monde ce soir-là. Ne pas démentir que. On emploie généralement le subjonctif, mais l'indicatif, insistant sur la réalité du fait, est correct : elle ne dément pas qu'il y ait eu du monde ce soir-là (subjonctif) ; elle ne dément pas qu'il y a eu du monde ce soir-là (indicatif). ● démentir (homonymes) verbe transitif ● démentir (synonymes) verbe transitif Dire que quelqu'un a menti, affirmer qu'il n'a pas dit...

Synonymes :

- contredire

- dédire

- désavouer

Nier l'exactitude d'une information, d'un fait

Synonymes :

- contester

- nier

Être en contradiction avec une affirmation, un fait ; contredire, infirmer

Synonymes :

- contredire

- infirmer

- réfuter

Contraires :

- approuver

- appuyer

- confirmer

démentir

v. tr.

d1./d Affirmer que qqn n'a pas dit la vérité. Démentir un témoin.

d2./d Déclarer faux. Démentir une nouvelle.

|| Contredire. Les autres témoignages démentent ses assertions.

d3./d Fig. être en contradiction avec. Sa conduite dément ses paroles.

d4./d v. Pron. Faiblir, cesser. Sa patience ne s'est jamais démentie.

⇒DÉMENTIR, verbe trans.

A.— Emploi trans.

1. [Le suj. désigne une pers. ou un ensemble de pers.]

a) Contredire quelqu'un en affirmant que ses paroles sont mensongères ou erronées. Il (...) brodait tellement autour de la vérité que (...) le héros dut démentir son barde (RADIGUET, Bal, 1923, p. 180) :

• 1. Comment expliquer qu'Esterhazy ne les ait pas mis en demeure de démentir Casella? A qui fera-t-on croire que, pouvant d'une parole réfuter Casella et dissiper d'infâmes soupçons sur un officier, ils auraient eu besoin d'une sommation pour dire à Casella : « Vous mentez! »

CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, p. 309.

— Vx. Trahir, renier quelqu'un. Ma fille, tu sais le vœu que j'ai fait pour toi. Voudrois-tu démentir ta mère? ô mon Atala (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 238).

b) Déclarer qu'un fait, un discours est faux. « L'agence Havas » a, comme il convenait, démenti le fait (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 406) :

• 2. Certains faits controuvés ont défrayé la légende : enlèvement d'Hélène, descente aux enfers avec Pirithoüs, viol de Proserpine. Je me gardais de démentir ces bruits d'où je tirais un surcroît de prestige...

GIDE, Thésée, 1946, p. 1445.

— En emploi abs. Le journal serait saisi : le gouvernement démentirait effrontément (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 441).

2. Au fig.

a) [Le suj. désigne une pers.] Être inconséquent avec soi-même (cf. se démentir).

♦ Démentir sa promesse, sa parole. Craindre qu[e] je démente mes vœux, et ne fasse le contraire de ce que je viens de promettre (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 610) :

• 3. — Tu veux donc bien, ma belle Louise, être ma Béatrix, mais une Béatrix qui se laisse aimer? Elle releva ses beaux yeux qu'elle avait tenus baissés, et dit en démentant sa parole par un angélique sourire :

— Si vous le méritez... plus tard!

BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 130.

♦ Démentir son renom, ses qualités. Voulez-vous (...) démentir votre gloire et flétrir votre nom (CONSTANT, Wallstein, 1809, IV, 6, p. 123) :

• 4. Une parisienne amoureuse dément sa nature et manque à sa fonction, qui est d'être à tous, comme une œuvre d'art.

A. FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 92.

b) [Le suj. désigne une chose] Infirmer, ne pas être conforme à quelque chose. Le résultat ne démentit pas la fierté du propos (STENDHAL, Amour, 1822, p. 274). La destinée dément et déjoue toutes leurs prévisions (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 165) :

• 5. Il éprouvait le même sentiment imperceptible de gêne que l'on ressent à se réveiller très tard, après une nuit pénible, dans cette obscurité trompeuse des volets fermés que démentent, glissés aux interstices de l'étoffe, filtrant par toutes les coutures, déjà les doigts pâles du matin.

GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 190.

— [En partic., en parlant des qualités, des manifestations physiques d'une pers.] Une douceur qui démentait l'expression d'effronterie qu'elle s'efforçait de donner à ses traits (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 222). Ils s'efforçaient de garder un ton aisé que démentait le tremblement imperceptible de leurs voix (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 308).

B.— Emploi pronom.

1. [Le suj. désigne une pers., sa physionomie, son caractère, etc.] Se contredire, agir en contradiction avec ce qu'on a fait ou dit auparavant. Le caractère d'Imley ne se démentit pas un moment (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 483). Mais je suis sûr que tu vas te démentir (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 37) :

• 6. Non que « la crainte de se démentir soi-même » l'ait jamais en rien beaucoup retenu. Il en était à ce point d'indépendance où se démentir peut paraître une manière encore de la proclamer.

GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 155.

2. [Le suj. désigne une chose] Dans une de ces lettres qui se démentent l'une par l'autre (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1793, p. 191).

— [En partic. dans des phrases négatives] Ne pas se démentir. Ne pas cesser d'avoir la qualité dont il est ou a été question. L'opiniâtreté des vents de sud ne se démentit pas pendant les journées du 9 et du 10 (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 28) :

• 7. Sur le seuil de la porte, il lui tendit la main; elle la serra un peu vivement; mais sa figure ne se démentit pas; et, jusqu'au bout, elle garda son air raide et glacé. Elle s'en alla.

ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la place, 1908, p. 815.

Prononc. et Orth. :[], (je) démens []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1100 desmentir « contredire (quelqu'un) en prétendant qu'il n'a pas dit la vérité » (Roland, éd. J. Bédier, 3834); b) 1563 dementir « prétendre (quelque chose) contraire à la vérité » (RONSARD, Remonstrance au peuple de France, 117 ds Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 11, p. 69); 2. ca 1100 « se conduire de façon indigne de (sa race, etc.) » (Roland, 788), attest. isolée; de nouv. 1550 (RONSARD, Odes, I, 5, 95, loc. cit., t. 1, p. 89); 3. 1550 « (d'un événement) ne pas être conforme à ce qui était attendu » (ID., Odes, III, 2, 32, loc. cit., t. 2, p. 7); 1564 « (d'une chose) être en contradiction avec » (ID., La Promesse, 252, loc. cit., t. 13, p. 13). B. 1. Ca 1176 soi desmentir « se briser, se rompre (d'un bouclier, etc.) » (CHR. DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 1894) — XV^e s., Ren. de Montauban, ms. Arsenal 5072 ds GDF.; 1188 au fig. « être impropre au service, manquer à son devoir » (AIMON DE VARENNES, Florimont, 6169 ds T.-L.) — mil. XIV^e s., Bâtard de Bouillon, 6106, ibid.; ca 1260 « s'ébranler (d'un mur, etc.) » (Ménestrel Reims, éd. N. de Wailly, 343) — 1900, Nouv. Lar. ill.; 2. 1643 « (de qualités) cesser d'être, se relâcher » (CORNEILLE, Polyeucte, III, 5 ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 536). Dér. de mentir; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :773. Fréq. rel. littér. :XIX^e s. : a) 1 244, b) 816; XX^e s. : a) 1 109, b) 1 118. Bbg. GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 28.

démentir [demɑ̃tiʀ] v. tr. [CONJUG. mentir. → Partir.]

ÉTYM. 1080; de 1. dé-, et mentir.

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1 Contredire (qqn) en prétendant qu'il n'a pas dit la vérité. ⇒ Contredire, dédire, désavouer. || Ne pas oser démentir qqn. || Démentir formellement un témoin.

1 Comme le public est le juge absolu (…) il y aurait de l'impertinence à moi de le démentir (…)

Molière, les Précieuses ridicules, Préface.

2 N'allez pas nous démentir, Bazile, en disant qu'il n'est pas votre élève, vous gâteriez tout.

Beaumarchais, le Barbier de Séville, III, 11.

3 Laissez-moi faire, ne démentez rien de ce que je dirai et signez tout ce que je vous présenterai.

G. Sand, François le Champi, XX, p. 146.

2 Prétendre (un fait, une chose) contraire à la vérité. ⇒ Infirmer, inscrire (s'inscrire en faux), nier, opposer (s'opposer à). || Démentir un bruit, une nouvelle, un témoignage, un écrit. || Démentir formellement une proposition. || Démentir sa signature.

4 C'est, lui répondis-je, l'Écriture sainte, les papes et les conciles, que vous ne pouvez démentir, et qui sont tous dans la voie unique de l'Évangile.

Pascal, les Provinciales, V.

5 Et bientôt, démentant le faux bruit de sa mort,

Mithridate lui-même arrive dans le port.

Racine, Mithridate, I, 4.

3 (1580). Contredire par sa conduite, par ses actes. ⇒ Contradiction (être en contradiction avec soi-même).

6 (…) la honte d'être si peu conséquent à moi-même, de démentir si tôt et si haut mes propres maximes (…)

Rousseau, les Confessions, VIII (→ Conséquent, cit. 1).

♦ (Choses). Aller à l'encontre de… ⇒ Contredire, décevoir, infirmer. || Cet argument le démentait. || Cette découverte dément ses hypothèses, ses prétentions (→ Chaton, cit. 3). — Littér. Décevoir, tromper.

7 L'événement n'a point démenti mon attente.

Racine, Mithridate, V, 1.

8 (…) il se fit apporter des vins de Rhodes et de Lesbos; il goûta de tous les deux, dit qu'ils ne démentaient point leur terroir (…)

La Bruyère, Disc. sur Théophraste.

9 (…) cette fille avait des traits d'une excessive douceur et que ne démentait pas la belle nuance grise de ses yeux.

Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 724.

10 Mais tout sembla d'abord démentir son espoir.

J. M. de Heredia, les Trophées, « Conquérants de l'or », II.

11 (…) il n'y a pas un de ces livres qui n'en démente un autre, en sorte que, quand on les connaît tous, on ne sait que penser.

France, le Crime de S. Bonnard, p. 440.

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se démentir v. pron.

1 Personnes. (Réfl.). Se contredire soi-même. — N'être pas conséquent avec soi-même.

♦ (Récipr.). Se contredire l'un l'autre.

11.1 Il était environ cinq heures du soir lorsque nous entrâmes dans la forêt. Saint-Florent ne s'était pas encore un instant démenti, toujours même honnêteté, toujours même désir de me prouver ses sentiments.

Sade, Justine…, t. I, p. 62.

♦ Figuré :

12 Tout se soutient dans cet homme; rien encore ne se dément dans cette grandeur qu'il a acquise (…)

La Bruyère, les Caractères, VI, 21.

2 (V. 1175). Choses. Cesser. || Son courage ne s'est pas démenti un seul instant (→ Inébranlable). || Patience qui ne se dément pas (→ Constant).

13 Madame, dit-il à ma tante, qui l'accompagnait avec moi, je vous remercie encore une fois d'un intérêt qui ne s'est pas démenti pendant quatre années.

E. Fromentin, Dominique, IV, p. 63.

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démenti, ie p. p. adj.

♦ || Témoins démentis. || Nouvelles complètement démenties (par les faits).

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CONTR. Affirmer, appuyer, attester, avérer, certifier, confirmer, corroborer, ratifier, sanctionner, soutenir.

DÉR. Démenti, n. m.

HOM. (Du p. p.) Démenti.

Encyclopédie Universelle. 2012.